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Lucien participe à la construction d'écoles en Afrique avec Vélo Afrique

Modifié le 22 déc. 2022

Vélo Afrique c’est une organisation bénévole qui organise des voyages à vélo en Afrique et investit dans une meilleure éducation au niveau local. Quelle excellente initiative ! Chaque participant est passionné de cyclisme et s'engage à verser des fonds qui seront entièrement consacrés à la construction d'écoles pour donner aux enfants la perspective d'un avenir meilleur. Explorer des lieux inconnus à vélo pour la bonne cause ! Yes, we can!

Avec votre propre VTT (et quel VTT ! Merci beaucoup Lucien), vous traverserez l'Ouganda, le Cameroun ou le Rwanda à votre propre rythme, mais avec l'esprit d'équipe nécessaire. Sept jours intenses pour s'immerger dans la culture et la nature africaines.

L'édition du 10 au 20 novembre 2022 en Ouganda était prévue depuis plusieurs années. Le corona a mis des bâtons dans les roues de l'organisation à plusieurs reprises, les dates de voyage ont changé, l'envie est allée crescendo, tout comme le rêve de sortir enfin d'une longue quarantaine mondiale. Le groupe de participants, inscrit depuis des années, s'est élargi à une soixantaine de personnes venues de toute la Flandre. Nous avons appris à nous connaître et à connaître les capacités de chacun grâce à diverses réunions d'information et à un week-end de VTT à Houffalize. Une quinzaine de jours avant le départ, le voyage semblait à nouveau compromis : le virus Ebola se répandait à nouveau en Ouganda, ce qui a donné lieu à un avis négatif pour les voyageurs. Le risque de décès dû à une infection par le virus Ebola est supérieur à 50 %, les rapatriements non garantis... À tout point de vue, il aurait été irresponsable de partir pour l'Ouganda...

Heureusement, Velo Afrique est une organisation capable de réagir rapidement et habituée à organiser des voyages à vélo vers de multiples destinations en Afrique. Les participants inscrits ont eu le choix : ils pouvaient soit reporter le départ jusqu'à ce que le voyage en Ouganda soit à nouveau sûr... soit changer de destination pour le Cameroun ! On a attendu assez longtemps pour sortir de quarantaine, Cameroun, me voilà !

Euh... quelques réserves étaient de mise... En raison du revirement de situation soudain, le groupe de participants devait être réduit à 45 personnes maximum. Et le parcours devenait plus difficile, plus intense, avec notamment plus de dénivelé positif, en plus grandes quantités, des sentiers plus cahoteux, des routes défoncées...

Mais assez attendu ! Rien ne peut m’arrêter ! Encore deux semaines pour s'entraîner ! En fait, je préférais aller au Cameroun de toute façon… Et puis, maintenant, j'ai une excuse si je ne peux pas faire face (ce qui n'est évidemment pas le but)... Un médecin participe à vélo, et une voiture balai est prévue pour la majeure partie du parcours, là où les routes le permettent. Mais y recourir n'est vraiment, vraiment, vraiment, vraiment pas l'objectif.

Let’s go!

Fara Deburchgrave

PS: Curieux de connaître la suite de mes aventures sur place? Mon journal de bord se trouve sous cette photo :-)


Le journal de bord de Fara

Arrivée – Jour 1

Après une courte nuit et un long vol, nous arrivons à l’aéroport au Cameroun. Quand l’objectif se rapproche, l’impatience se généralise et se fait plus perceptible. Nous savons qu’un autre long trajet nous attend : cinq heures en bus. Pour ensuite enfourcher le vélo après une nouvelle courte nuit pour notre première sortie avec 1 067 mètres de dénivelé. Se soumettre rapidement au test rapide obligatoire et monter dans le bus, c’est ce qu’espèrent tous les participants. Au Cameroun, par contre, on n’est pas très enthousiastes de voir débarquer un groupe de 50 Belges exotiques (ou pas tout à fait ?) qui doivent également être testés pour le COVID-19 (ou peut-être pas, après tout, nous avons tous été vaccinés plusieurs fois ?). Un traitement spécial et une sorte de file d’attente sont initiés pour nous. Et annulés rapidement, car l’initiateur n’y est pas autorisé. Une partie de notre groupe est dirigée vers un autre endroit… avant de revenir. Après une longue attente, de nombreuses modifications aux initiatives mises en place spécialement pour nous et aussitôt annulées, on nous demande de rejoindre le bout de la file réglementaire. Un écouvillon est inséré superficiellement (par chance !) dans notre nez. Trois participants se voient demander un paiement supplémentaire, après quoi – lorsque cette demande n’est pas satisfaite – l’écouvillon est enfoncé à nouveau dans le nez avec une main un peu plus lourde. Heureusement, personne ne se révèle infecté et nous sommes tous autorisés à nous diriger vers la sortie de l’aéroport où nous sommes accueillis par la presse nationale. Les organisateurs et certains participants (étonnamment souvent blonds) sont interviewés devant la caméra et photographiés pour la presse écrite. Après une heure environ, nous prenons le bus et pénétrons dans la nuit (escortés par la police pour dégager les routes, autant que possible) avant de plonger rapidement dans notre lit.

Jour 2 – Circuit 1 : de Dschang à Mbouda

Après une petite nuit d’environ 5 heures de sommeil, nous bénéficions d’un bon petit-déjeuner, d’une carte SIM locale, d’un bref briefing et d’une séance photo avec tout le groupe. À 9 h 30, c’est le départ officiel de Vélo Afrique Cameroun 2022 !

En chemin, nous sommes accueillis, au propre comme au figuré, par un groupe de danse et de chant local. La presse a fait son travail ! La joie de vivre est incroyable. Les habitants et les commerçants descendent dans la rue pour nous accueillir en dansant ! Nous sommes autant un spectacle pour eux qu’ils le sont pour nous. Nous sommes fréquemment filmés et photographiés, dansant avec nos vélos à côté de nous, mais nettement plus raides que les Camerounais !

Les villageois sont présents un peu partout le long de la route, ils crient pour nous encourager et nous accueillir. Il est impossible d’assouvir un besoin en bord de route. Une collègue cycliste ne peut plus se retenir et se voit conseiller d’aller à la maternité locale. Perplexe, elle revient de son petit détour, stupéfaite par les conditions peu hygiéniques dans lesquelles les Camerounaises doivent accoucher. Au bout d’une vingtaine de kilomètres, nous quittons le monde animé et habité et pédalons sur des collines légèrement vallonnées qui offrent de superbes vues sur les plantations de thé. Après 45 kilomètres, la première étape est terminée. Après une soirée relativement calme pour faire plus ample connaissance avec le groupe, tout le monde se couche sagement de bonne heure pour la suite du voyage.

Jour 3 - Circuit 2 : de Mbouda à Foumbot

Une fois de plus, nous bénéficions des encouragements joyeux des habitants. De partout, ils crient « Bonjour », « Courage » et « Salut ». Au terme d’un interminable voyage sur le macadam, nous arrivons à l’école que nous parrainons. Ça réchauffe le cœur ! C’est incroyablement touchant lorsque tous les enfants nous acclament à notre arrivée à vélo. Chacun à notre tour, nous montons à vélo sur une petite plate-forme sous un tonnerre d’applaudissements. Épuisé comme je le suis après cette route asphaltée très éprouvante, je crains un instant de ne pas réussir à gravir la plate-forme et de m’écrouler devant le public. Cette crainte était loin d’être infondée, comme on le verra plus tard. Georges, le directeur régional chargé de veiller au bon fonctionnement de l’école et de s’assurer de la bonne utilisation des fonds, a apparemment chuté de son podium alors qu’il s’apprêtait à y monter à vélo. Heureusement, cet incident ne reflète en rien le bon fonctionnement de l’école, comme nous le découvrons lors de notre visite des classes. Le niveau semble plus que convenable, à en juger par le matériel pédagogique qui figure au tableau, commenté par les enseignants présents. Le français et l’anglais sont enseignés de manière bilingue dès la maternelle ; à partir de 10 ans, les enfants apprennent les règles de calcul des puissances. Les étudiants et les habitants locaux ont tous accès à la bibliothèque. Nous sommes surpris par l’hymne national belge, le hissage discipliné du drapeau belge. La presse locale est à nouveau présente, l’assemblée nous sourit. Après la visite de l’école, nous faisons une nouvelle jolie promenade à vélo à travers de magnifiques zones naturelles jusqu’à Foumbot.

Jour 4 - Circuit 3 : de Foumbot à Foumban

Aujourd’hui débute une dure ascension vers le volcan. Nous sommes davantage en altitude, dans un paysage nettement différent. La nature est légèrement plus sèche et plus aride, alors qu’auparavant les bananiers, les avocatiers et les cocotiers s’épanouissaient partout. On trouve ici des buissons plus secs qui fleurissent de façon moins luxuriante. Je découvre les goyaves, que je connais bien grâce au jus de goyave. Il s’agit de petits fruits savoureux, pas très sucrés, plutôt acides. Après le volcan, une nouvelle montée difficile nous attend, mais cette fois-ci, tout se passe bien pour moi. Visiblement, ma condition physique monte et descend autant que le paysage. Nous visitons le projet de Georges, le directeur régional qui gère également les fonds pour l’école. À côté d’un bâtiment, il aménage des jardins potagers pour fournir du travail et de la nourriture aux habitants. Je cherche un endroit pour la petite commission et on me dit « les toilettes sont naturalisées ». Il s’agit d’un petit mur derrière lequel on peut trouver un trou, mais où l’on peut aussi se confondre avec la nature. En peu de temps, j’ai déjà appris à apprécier ce genre d’union avec la nature.

Jour 5 - Circuit 4 : de Foumban à Petpenoun

Aujourd’hui, nous accomplissons une dernière étape avant un jour de repos bien mérité. Une rude montée nous attend, avec 1 111 m de dénivelé et un total de 72 kilomètres. Nous nous arrêtons d’abord dans le centre de Foumban, une fourmilière, pour visiter le palais du sultan qui dirige la communauté Bamoun. Foumban est le chef-lieu du département du Noun, situé dans l’ouest du Cameroun. Cette ville est considérée comme la capitale culturelle des arts de la région. On peut découvrir la grande richesse culturelle et artisanale des Bamouns grâce au Palais et au musée adjacent, riche en vestiges royaux et en objets anciens. Aux côtés des musulmans, près de la moitié des Bamouns sont chrétiens, dont la plupart sont protestants. Le musée présente une belle architecture en forme de serpent à deux têtes qui rappelle la puissance des Bamouns. Au-dessus d’elle se dresse une araignée géante qui symbolise le travail acharné et la sagesse du peuple. Une fois sorti du centre, suit une montée difficile avec beaucoup de pierres. Le parcours s’avère périlleux et de nombreux participants chutent. L’un d’entre eux doit être recousu au coude sur place. Heureusement, un médecin est présent à vélo-balai, pour récupérer tous les blessés et panser leurs plaies. Je suis moi-même tombé bêtement dans une flaque d’eau, ce qui m’a valu un bleu. Cela me pousse à être encore plus prudent, et je préfère traverser à pied un tronçon court mais dangereux. À en croire les bruits, on entre clairement dans la jungle. Les sons sont incroyablement beaux, on dirait une bande-son jouée dans un zoo avec des reptiles et des animaux à sang froid. Nous entendons sans doute aussi des serpents, ainsi qu’un orchestre de grenouilles, de grillons et d’oiseaux. En arrivant à Petpenoun, nous nous préparons tranquillement pour une fête qui démarre sur les chapeaux de roue ! Malgré une grande fatigue, tout le monde se lâche et danse, idéal pour détendre les muscles !

Jour 6 – Jour de repos à Petpenoun

J’utilise la journée au sens littéral du terme et je prends le temps de m’étirer correctement. Nous avons vue sur un magnifique lac, malheureusement d’eau stagnante, c’est donc trop risqué de s’y baigner. Les chants d’oiseaux, les grillons et les grenouilles, avec un cheval en liberté en arrière-plan, me détendent davantage. Je peux également prendre un peu de temps pour laver quelques vêtements. Tous les soirs, les vêtements de cyclisme sont ramassés pour être lavés, mais il faut attendre quelques jours avant de les récupérer.

Jour 7 - Circuit 5 : de Petpenoun à Bangangté - Bafang

Après la journée de repos, nous avons eu droit à un délicieux petit-déjeuner composé de crêpes et de fruits. Il remplace les œufs classiques de tous les matins précédents, mais est un peu lourd pour mon estomac. De plus, nous sommes à court d’isotones, ce qui, psychologiquement, est déjà un premier choc pour entamer une randonnée de 82 km avec 1 600 m de dénivelé. Pour le départ, nous nous rendons à nouveau à l’école que nous parrainons. Certains enfants qui n’avaient pas pu être là la dernière fois étaient tellement déçus et souhaitaient à tout prix nous voir aussi. Encore une fois, une visite réconfortante, bien que beaucoup plus courte, où l’on peut ressentir le sentiment de gratitude et l’enthousiasme joyeux circuler dans nos veines. Cela vous donnerait des vertiges, et cela me fait l’effet d’un coup de massue effrayant. Avant même le premier arrêt, je me sens faible, je souffre manifestement d’hypotension. Au point d’approvisionnement, j’ai failli m’évanouir, je me suis rapidement allongé sur le sol. Heureusement, quelqu’un a des comprimés d’Isostar qu’il veut partager, je reçois aussi du dextrose, je mange pas mal d’avocats avec beaucoup de sel, un sandwich au thon et des bananes séchées ! Délicieux ! Et pourtant, je reste complètement anémique lorsque je monte sur le vélo pour le reste du trajet. Une petite côte, c’est déjà trop. Je monte à pied. Je me place juste derrière le groupe, mais je reste suffisamment près pour ne pas les retarder. Après trois quarts d’heure, je sens bien que je reprends des forces. Une source rafraîchissante sur le chemin m’aide à récupérer. La tête sous l’eau, c’est le plus délicieux des rafraîchissements dont j’avais besoin. Je réussis à bien rattraper le groupe, mais je suis à nouveau vidé à mon arrivée à l’hôtel. Je fais une courte sieste avant le dîner de 20 heures. Je fais un mini-étirement (c’est tout ce que je peux faire) et je me glisse sous la couette.

Jour 8 - Circuit 6 : de Bangangté à Bafang

Aujourd’hui, plus de descentes que de montées, 1 350 m de montée et 1 500 m de descente, pour être précis ! Nous rendons une courte visite au préfet de la région de Bangangté pour nous donner des forces pour l’avant-dernière étape. Après une énième montée difficile, avec une tension artérielle qui augmente à nouveau, nous voyons rapidement de drôles de villas se succéder. Nous déjeunons dans une villa abandonnée qui offre une vue magnifique sur les montagnes et les collines verdoyantes. Nous jouons au football avec les deux enfants qui vivent là et qui sont ravis du ballon que nous leur avons offert, mais encore plus heureux du morceau de baguette qui remplit légèrement leur estomac vide. Nous plongeons dans une forêt tropicale magique avec des papillons qui volettent partout. C’est magnifique. Une dernière montée raide nous amène à notre point de ravitaillement. À partir de maintenant, nous descendons par le goudron jusqu’à un bar local pour un menu brochettes et bières ! À Bafang, nous visitons un petit marché où nous trouvons une multitude de spécialités exotiques locales dans des étals qui ne paient pourtant pas de mine.

Jour 9 - Circuit 7 : de Bafang à Ekom

La peur au ventre (les vertiges se poursuivent), je monte sur le vélo pour la dernière étape. Sur la route, je prends le temps de photographier enfin les papayes, les avocats, les noix de coco et les bananes qui abondent. Jeroen a annoncé que nous allions « pédaler entre les cimes des arbres » et il ne nous a pas menti. En chemin, je me rends compte que saluer en disant « salut » demande moins d’énergie que « bonjour ». Là encore, cette différence minime d’énergie fait une sacrée différence. Pourtant, tout se passe bien, la forêt tropicale dégage une telle énergie que je prends le temps de tout assimiler, c’est le dernier jour et il reste un gros morceau ! Il s’agit d’un interminable et dangereux tronçon goudronné, où j’ai failli me faire écraser à plusieurs reprises. Par sécurité, j’ai ensuite roulé dans le caniveau bosselé. Où est donc passée cette forêt tropicale ? Fourbu, j’arrive à la dernière descente, tout aussi fatigante à cause des nombreuses pierres qui jonchent le sol et mettent à rude épreuve les poignets, le corps et les membres. La fatigue joue sur mon moral, heureusement le voyage touche à sa fin ! Je l’ai fait ! Tout le trajet, sans tricher ! Mieux encore : sans accident, sans devoir être recousu par le médecin (contrairement aux blessés qui ont encore suivi). Et en récompense, j’ai une vue PHÉNOMÉNALE, inoubliable et spectaculaire sur une gigantesque chute d’eau. Ou deux. Ou quatre… Avec de superbes arcs-en-ciel. Quel spectacle ! Quel voyage ! Quelle aventure inoubliable !!!